Les livres ont ça de bien qu’ils permettent de vivre de nombreuses aventures, des expériences inédites tout en restant bien confortablement installé dans son fauteuil favori. Sortir de chez soi est bien aussi mais parfois on ne peut pas (toute allusion à des évènements récents est bien évidemment fortuite ! ou pas..;) Le train porte en lui cette double qualité du voyage et du confort – enfin cela dépend des trains évidemment ! Cependant l’imaginaire qui se développe autour des trains renvoie bien souvent aux paysages qui défilent derrière la vitre, l’esprit qui vagabonde, ou un livre à la main. Et bien souvent les personnages de roman, ou de film, sont en train de lire un livre, comme une mise en abîme.
Voyager en train, c’est aussi le temps du souvenir, le temps comme suspendu favorable au songe et à la rêverie. C’est le cas du narrateur dans le roman Zone de Mathias Enard qui se remémore ses souvenirs le temps d’un trajet entre Milan et Rome ou encore du personnage principal dans le roman d’Antonio Muñoz Molina Dans la grande nuit des temps.
Des trains mythiques comme l’Orient Express ou encore le Transsibérien sur lequel nous emmène Blaise Cendrars même s’il ne l’a jamais emprunté, qu’importe dit-il puisqu’il nous l’a fait prendre.
En écrivant ces lignes, et à travers le choix de livre d’un lecteur, Si c’est un homme de Primo Levi, je ne peux m’empêcher de penser à d’autres trains, tristement célèbres ceux-là. Tous les trains ne sont ainsi pas synonymes de voyage et de liberté mais d’enfermement et de lutte des classes. Le Transperceneige est de ceux-là. Train mythique de la bande dessinée, il nous montre une métaphore de la société ou comment l’humanité tente de se reconstruire dans un train mais retombe dans ses travers les plus bas.
Bonne lecture et bon voyage !
À la fin de 1936, Ignacio Abel, architecte espagnol de renom, progressiste et républicain, monte l’escalier de la gare de Pennsylvanie, à New York, après un périple mouvementé depuis Madrid où la guerre civile a éclaté. Hanté par les récriminations de sa femme, Adela, et taraudé par le sort incertain de ses deux jeunes enfants, Miguel et Lita, il cherche Judith Biely, sa maîtresse américaine. L’auteur le regarde prendre le train qui doit le conduire dans une petite ville au bord de l’Hudson, Reinheberg, et reconstruit au cours d’un époustouflant va-et-vient dans le temps la vie d’Ignacio Abel, fils de maçon, devenu architecte à force de sacrifices, marié à une fille de la bourgeoisie madrilène rétrograde et catholique, déchiré par sa passion amoureuse et par la violence des événements politiques. Au long de ces mille pages d’amour et de guerre, les personnages de fiction mêlent leur vie à celle des hommes politiques et des écrivains de l’époque. Dans ce chef-d’œuvre intimiste et charnel, Antonio Muñoz Molina fouille avec une lucidité admirable et bouleversante au plus profond de la matière humaine.
La bête humaine, c’est le conducteur de train Lantier, le fils de la pauvre Gervaise de L’Assommoir et la victime d’une folie homicide. S’il désire une femme, un atroce désir de sang l’étreint. La bête humaine, c’est aussi sa locomotive à vapeur, la Lison, une puissante machine aimée et entretenue comme une maîtresse. Avec elle, il affronte une tempête de neige sur la ligne Paris-Le Havre et une effroyable catastrophe ferroviaire. C’est Séverine aussi, une femme douce qui aide pourtant son mari à tuer et projette de l’éliminer à son tour pour pouvoir vivre sa passion avec Lantier.
Dans cette fresque tourmentée d’amour et de mort, Zola peint la part sauvage de l’homme, qu’il soit bourgeois ou employé des Chemins de fer français. C’est en vain que l’homme maîtrise la machine s’il ne se maîtrise pas lui-même.
Pendant un voyage en train, un homme se confie et raconte comment, après plusieurs années de mariage, sa femme, déçue, a pris un amant. La jalousie s’est alors emparée de lui pour le conduire jusqu’au meurtre. Peinture de la vie conjugale et de ses frustrations, récit d’une descente aux enfers et drame de la jalousie, une nouvelle d’une rare intensité dramatique.
C’est un roman intéressant d’un point de vue de la situation de la femme au 19e siècle. C’est du russe classique, influencé par la culture française. L’histoire commence et se termine dans un train. Il parle aussi de la passion de la musique.
Dans le livre et le film Into the Wild Chris McCandless lit un extrait de ce roman qui lui fait prendre conscience que sa quête est terminée, qu’il sait désormais ce dont il a besoin pour être heureux.
Par un froid matin de janvier 2006, la police de Hudiksvall, dans le nord de la Suède, fait une effroyable découverte. Dix-neuf personnes ont été massacrées à l’arme blanche dans un petit village isolé. La policière Vivi Sundberg penche pour l’acte d’un déséquilibré. Mais la juge de Helsingborg, Birgitta Roslin, qui s’intéresse à l’affaire car les parents adoptifs de sa mère sont parmi les victimes, est persuadée que ce crime n’est pas l’œuvre d’un fou. Elle mène une enquête parallèle à partir d’un ruban de soie rouge trouvé sur les lieux qui raconte une tout autre histoire et l’entraîne dans un voyage vers d’autres époques et d’autres continents, et surtout en Chine, cette nouvelle superpuissance en pleine expansion sur la scène mondiale. À son insu, Birgitta Roslin est prise dans l’engrenage d’une machination géopolitique qui finira par mettre sa vie en danger.
La Prose du Transsibérien relate le voyage d’un jeune homme, Blaise Cendrars lui-même, dans le Transsibérien allant de Moscou à Kharbine en compagnie de Jehanne, « Jeanne Jeannette Ninette 2 » qui au fil des vers et du trajet se révèle être une fille de joie. La Prose du Transsibérien fait partie d’une série de textes que Cendrars écrit à la même époque concernant la thématique du voyage et la rêverie poétique qui l’entoure. Ces poèmes sont le fruit de plusieurs années de voyages entre Paris, Moscou, et New York de 1905 à 1912.
Le texte, sous son titre original, a été dit par le chanteur français Bernard Lavilliers sur une musique originale composée par Xavier Tribolet et Olivier Bodson, et figure sur un CD paru en 2013, Baron Samedi9. Vous pouvez l’écouter ici.
C’était au temps de la vapeur… Sur ces hautes terres, à l’écart de tout, le train était enfin arrivé apportant son lot de progrès mais aussi de conflits entre les Gens de la voie et Ceux de la terre. Louisette avait vu le jour dans la maison de la garde-barrière, sa mère. Au bord de la voie ferrée, elle avait grandi en regardant passer les trains. Ses lectures avaient nourri ses rêves… Un jour, elle avait été séduite par Jacques l’un des derniers conducteurs de locomotives en qui elle avait cru reconnaître l’un des héros de ses lectures romanesques.
Par le plus grand des hasards, Hercule Poirot se trouve dans la voiture de l’Orient-Express – ce train de luxe qui traverse l’Europe – où un crime féroce a été commis. Une des plus difficiles et des plus délicates enquêtes commence pour le fameux détective belge. Autour de ce cadavre, trop de suspects, trop d’alibis. Un train de luxe bloqué par la neige, un cadavre fardé de plusieurs coups de poignards. A Hercule Poirot de démasquer le coupable parmi les douze passagers du wagon.
La partie du récit concernant le personnage de Ratchett est inspirée d’un crime réel, l’affaire du kidnapping de l’enfant de Charles Lindbergh, tandis qu’Agatha Christie s’inspire d’un fait divers comme toile de fond de son roman, un incident survenu en février 1929, le Simplon-Orient-Express (version de l’Orient-Express créée par les Alliés à la suite du traité de Versailles) bloqué par un blizzard pendant six jours près de Çerkezköy en Turquie.
Le train vert assurant la liaison entre Leningrad et Helsinki vient d’être immobilisé par l’Armée rouge à quelques kilomètres de la frontière finlandaise. Des dessous diplomatiques de cette halte forcée, les occupants du train ignorent tout. Peter Stern, Frau Kunkel, Junji Asawa : tous sont, en apparence, des touristes ordinaires. Autour des voies, les militaires s’installent dans le crépuscule et l’attente. Les wagons bruissent de rumeurs d’espionnage et une évasion se prépare. Partant de l’expérience quotidienne des otages pour s’intéresser, par paliers, aux forces en présence sur la scène internationale, ce grand thriller politique cerne au plus près la réalité humaine de la Guerre froide.
Série en trois tomes publiée d’octobre 1982 à juin 1983 dans le magazine A suivre et réunie dans une intégrale en 2014. A été adaptée au cinéma en 2013 par le célèbre réalisateur coréen Bong Joon-Ho.
Un jour, la bombe a fini par éclater. Et toute la Terre s’est brutalement retrouvée plongée dans un éternel hiver gelé, hostile à toute forme de vie. Toute ? Pas tout à fait. Miraculeusement, une toute petite portion d’humanité a trouvé refuge in extremis dans un train révolutionnaire, le Transperceneige, mû par une fantastique machine à mouvement perpétuel que les miraculés de la catastrophe ont vite surnommé Sainte Loco. Mais à bord du convoi, désormais dépositaire de l’ultime échantillon de l’espèce humaine sur cette planète morte, il a vite fallu apprendre à survivre. Et les hommes, comme de bien entendu, n’ont rien eu de plus pressé que d’y reproduire les bons vieux mécanismes de la stratification sociale, de l’oppression politique et du mensonge religieux…
Par une nuit décisive, un voyageur lourd de secrets prend le train pour Rome, revisite son passé et convoque l’Histoire, dans un immense travelling qui mêle bourreaux et victimes, héros et criminels des guerres de la Méditerranée : une Iliade de notre temps. Quinze années d’activité comme agent de renseignements dans sa Zone (d’abord l’Algérie puis, progressivement, tout le Proche-Orient) ont livré à Francis Servain Mirkovic les noms et la mémoire de tous les acteurs de l’ombre (agitateurs et terroristes, marchands d’armes et trafiquants, commanditaires ou intermédiaires, cerveaux et exécutants, criminels de guerre en fuite…).
Une oeuvre magistrale, qu’on lit dans un seul souffle tellement on est emporté par le récit et la fluidité de la langue. Ne vous laissez pas impressionner par l’exercice de style de l’auteur – une seule et même phrase par chapitre – on est happés par le rythme. Un livre qui a fait date et restera longtemps dans les mémoires.
Et pour finir un poème cité par un fidèle lecteur, Jean-Yves Saez, un passeur de rimes et de mots. Amateurs de poésie et de belles lettres, je vous recommande chaudement leur publication. Pour en savoir plus, c’est par ici.
Un calligraphe écrivait trois sortes d ‘écriture .
Une première était lu par lui seul .
Une deuxième , par lui et par tous .
Une troisième ni par lui ni par nul autre .
J’étais cette troisième écriture .
Shams de Tabriz (1185- 1248), Traduit du Persan par Nahal Tajadod