Encore une grande variété de livres présentés durant cette discussion impromptue. C’est plus simple de l’appeler « club de lecture » mais je rechigne à le faire à cause de la connotation de club, comme s’il fallait être membre de quelque entité, montrer patte blanche pour pouvoir en faire partie. Bien au contraire, l’idée derrière cet évènement mensuel est de libérer la parole autour des livres, partager ceux qu’on a lus et aimés, partager le sentiment qu’on a ressenti en lisant cette histoire, ou cet essai, ce que ça nous a apporté, vers quel autre livre cela nous a mené.C’est ce que j’aime dans la lecture, et dans le fait de partager cette expérience, c’est qu’on se rend compte que tout est lié, qu’il existe une gigantesque toile invisible qui relie tous les livres, et donc tous les êtres entre eux. C’est formidable, on n’a pas eu besoin d’attendre la création et le développement d’internet pour cela. Le web mondial existe depuis bien plus longtemps. La lecture est une si belle aventure, un si beau voyage, on sait quand on part mais on ne sait jamais quand on arrive. Peut-être parce que justement il n’y a pas de fin, et c’est toute sa beauté. On sait que l’exploration ne s’arrête pas, qu’on aura toujours quelque chose à lire, une belle découverte à venir. Ou une déconvenue mais qui en elle-même ouvre une porte, sur ce qu’on aime, sur ce qui nous touche. Et comme l’a si bien dit Jules Renard dans son journal : « Quand je pense à tous les livres qu’il me reste à lire, j’ai la certitude d’être encore heureux ». Alors lisons, ne nous arrêtons pas et faisons circuler le bonheur de lire.
Le plaisir de la lecture commence tout jeune. Et rien de tel que Petit Ours brun pour faire découvrir aux enfants les instruments du monde entier. Dans Petit Ours Brun découvre les musiques du monde, nous sommes embarqués dans un tour du monde musical. A chaque étape, un extrait sonore accompagné d’un court texte expliquant l’instrument que l’on vient d’entendre. Livre interactif, à partir de 2 ans.
On poursuit notre découverte de la musique avec Le dictionnaire amoureux du jazz qui présente de manière courte et didactique la vie de musiciens, des lieux, des disques cultes. Une déambulation d’un amoureux du jazz, Patrice Blanc-Francard, qui a souhaité transmettre sa passion et la rendre accessible au plus grand nombre en donnant des clés de compréhension et de lecture. Après ça, on n’a qu’une seule envie : écouter tous les artistes et albums présentés. De quoi occuper les longues soirées d’hiver !
Partons plus au Sud pour nous réchauffer un peu avec ce magnifique roman d’Antonio Muñoz Molina, L’hiver à Lisbonne dans lequel le narrateur raconte l’histoire d’un musicien au présent, passé et futur. Le temps – thème cher à l’auteur – est très présent dans ce roman, la perception différente du temps en fonction qu’on attend une lettre ou qu’on joue du piano, ou tout autre activité dans laquelle nous sommes réellement impliqués. Le récit se déroule entre Saint-Sébastien et Lisbonne. Traduit de l’espagnol par Philippe Bataillon.
La musique est présente partout, dans toutes les sociétés, dans toutes les cultures – on l’a bien vu avec Petit Ours brun ! – certains disent même qu’elle a existé avant toute création. Elle qui a rassemblé les hommes avant que ne jaillisse le premier mot. C’est ce que racontent les vingt contes du monde entier rassemblés par Jean-Jacques Dida dans cette superbe collection des Contes des sages publiée aux éditions du Seuil. Ici il est bien entendu question de musique, d’instruments, de mélodies. On découvre ainsi la sagesse intemporelle de la musique, de son harmonie et de comment elle raisonne en nous.
On reste dans l’univers des contes avec Le roi et le joueur de doudouk, publié en bilingue chez L’Harmattan dans la collection Conte des quatre vents qui permet de présenter la richesse culturelle du monde entier aux enfants. Le roi et le joueur de doudouk est un conte arménien qui raconte l’histoire d’un roi orgueilleux qui déclara qu’il donnerait la moitié de son royaume à celui qui parviendrait à lui faire croire à son mensonge. Le joueur de doudouk y parviendra-t-il ?
Le doudouk, ou duduk, est un hautbois de perce cylindrique, essentiellement joué dans le Caucase, et l’un des symboles de la musique arménienne. En 2005, l’UNESCO proclame « Le Duduk et sa musique » au patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Les indiens d’Amérique du Nord ont également à nous apprendre, sur leur rapport à la vie, à l’art, à la poésie. Cette anthologie qui regroupe des poèmes et des chants des Indiens d’Amérique du Nord, est un hymne à la beauté et à la liberté. Traduits et présentés par Florence Delay et Jacques Roubaud.
D’une certaine manière Patti Smith est une héritière de cette liberté, de cette incarnation de la beauté et de la poésie dans la vie même. Tout au long de sa carrière, elle n’aura de cesse de chanter, de clamer, de le revendiquer. Dans cette autobiographie, récompensée par le National Book Award, elle raconte son parcours, sa rencontre et son idylle avec Robert Mapplethorpe, cette intense émulation créatrice et cette communauté d’artistes marginaux du New York des années 1960-70. Une écriture fluide, quotidienne d’une femme qui a toujours su gardé son libre arbitre.
Patti Smith était très proche de la beat generation, mouvement qui a insufflé une énergie incroyable à la poésie et à la littérature en général. On en connaissait surtout les représentants masculins, les femmes étant là encore oubliées, occultées. Mais c’était sans compter les éditions Bruno Doucey qui ont remis sur le devant de la scène ces femmes qui ont marqué de leur empreinte le mouvement beat. Une anthologie indispensable qui permet de découvrir tout un champ de la littérature beatnik.
Et pour ceux qui voudraient en savoir davantage sur ce recueil, Bruno Doucey était venu le présenter en avant-première lors de l’édition 2018 du festival Etonnants Voyageurs, une rencontre à retrouver ici.
Les femmes dans la littérature et dans la musique, George Sand nous en donne un formidable exemple avec Consuelo, héroïne du roman éponyme. Le récit d’aventure et le destin d’une femme dans l’Europe cosmopolite du XVIIIe siècle qui incarne aux yeux de la romancière toutes les espérances d’un siècle épris de liberté et avide de changement. Consuelo, une femme que l’on n’est pas prêts d’oublier !
De l’Europe du XVIIIe siècle à l’URSS, il n’y a qu’un pas. Franchi allègrement sous la plume de Svetlana Alexievitch, prix Nobel de littérature en 2015 qui couronne l’ensemble de son oeuvre, dont La fin de l’homme rouge est considéré comme son chef d’oeuvre. Elle a parcouru pendant quarante ans ce pays qu’on appelait l’URSS et recueilli des centaines de témoignages qui permettent de reconstituer le portrait d’une époque, d’un pays, d’une utopie. La Fin de l’homme rouge fait résonner les voix des témoins brisés de l’époque soviétique, voix suppliciées des Goulags, voix des survivants et des bourreaux, voix magnifiques de ceux qui ont cru qu’un jour “ceux qui ne sont rien deviendraient tout”, et sont aujourd’hui orphelins d’utopie. Une histoire de voix, et de musiques qui jalonnent ces récits. Traduit du russe par Sophie Bénech.
La musique a de multiples histoires à nous raconter. Que se passe-t-il dans notre tête quand on entend de la musique ? C’est la question à laquelle tente de répondre Nancy Huston dans ce premier roman qui plonge le lecteur dans la tête de trente personnes alors qu’ils entendent un concert de clavecin. Autant de façons d’être, d’envisager la vie, la relation aux autres, à soi.. Suite narrative adaptée à la structure des Variations Goldberg de Bach, les mots de Nancy Huston raisonneront longtemps dans la tête du lecteur. A découvrir avec les notes de Bach dans les oreilles. Un moment de grâce.
Corps et âmes ou comment s’en sortir par la musique, tel pourrait être le sous-titre de ce roman de Frank Conroy qui raconte l’ascension d’un jeune garçon ayant appris le piano par lui-même et devenu pianiste de jazz. Récit initiatique d’un homme dont la vie est transfigurée par un don, c’est aussi le portrait d’une ville, New York, parfois drôle, parfois cruel, une ville en constante mutation, un organisme vivant évoluant au cours du temps.
La musique comme la littérature sont partout autour de nous. C’est ce que nous montre Aude Lancelin dans son roman La fièvre, inspirée de l’histoire vraie de Yoann, gilet jaune qui joue de la musique sur les Champs Elysées pendant les manifestations. L’auteure nous donne à entendre tous les bruits, du monde, de la manifestation…Il suffit parfois de simplement tendre l’oreille pour entendre la musique du monde.
Woody Guthrie a su comme personne capter l’air du temps, l’essence de la vie dans chaque personne rencontrée. Poète vagabond, chantre de la musique folk, il a influencé toute une génération de musiciens et d’écrivains, au premier rang desquels Bob Dylan qui n’aura de cesse de reconnaître l’influence qu’aura eu sur lui le hérault du folksong américain. Dans son autobiographie, En route pour la gloire, qui couvre la période 1912-1942, alors qu’il était au seuil de la gloire, Woody Guthrie raconte sa vie sur les routes, son amour pour la vie, les gens et l’Amérique. Un livre mis en images par Hal Ashby en 1976 et nommé au festival de Cannes.
